Construction et rénovation en 2022 : 5 tendances

La perception de notre cadre de vie s’est modifiée ces dernières années. La pandémie nous a fait prendre conscience de l’importance de notre chez-nous, non seulement comme lieu de vie mais aussi comme espace de travail et d’étude. Nous avons aussi pu constater que l’importation de matières premières et de matériaux de construction depuis le reste du monde n’est plus aussi évidente. Et, suite à la guerre en Ukraine, tout le monde s’interroge sur les prix croissants de l’énergie. Le monde change. Et nous ? Nous nous adaptons : en habitant, en construisant et en rénovant différemment. Crelan a rencontré les architectes Eric Guldemont et Bieke Gaelens de « The Creative Company » pour aborder les tendances 2022.


Tendance 1 : le télétravail
Il semblerait que la tendance au télétravail se maintienne. Nous sommes nombreux à organiser le travail de bureau de manière plus flexible, en travaillant quelques jours par semaine depuis la maison. D’où la nécessité d’un espace de travail calme, efficace et confortable… qu’un architecte peut nous aider à repenser.

« La question qui se pose : qu’est-ce qui est important, pour vous, dans cet espace de

travail ? Vous recevez des clients ? Vous avez plutôt besoin d’un espace tranquille pour les appels et conférences vidéo ? Et comment faire quand les enfants rentrent de l’école ? » Non, il n’est pas nécessaire que chaque famille dispose soudain de plusieurs bureaux. Au contraire. « Une chambre qui n’est pas utilisée pendant la semaine parce que votre étudiant vit en kot peut, avec quelques aménagements intelligents, devenir un bureau à domicile idéal », explique Eric.

Il vous faut absolument un espace bien distinct ? Vous pouvez opter pour un bureau modulaire dans le jardin. Le week-end, il peut se transformer en lieu de détente pour la famille. Ou en espace de lecture et d’étude au vert.

Bon à savoir: La plupart des communes autorisent une annexe de 40 m2 maximum, avec une hauteur de corniche de 3,5 m. Mais attention :  en l’absence de permis de construire, elle ne peut revêtir une fonction résidentielle. « Rien ne vous empêche de vous renseigner sur les possibilités auprès du service d’urbanisme de votre commune », précise Eric. « Vous aurez ainsi la certitude d’être en ordre. »

Tendance 2 : fruits, brasero et jardin de pluie chez soi
Dans l’ensemble, les personnes qui disposent d’un (petit) jardin, d’une terrasse ou même d’une cour minuscule avec quelques plantes ont mieux supporté le confinement. Ce qui explique toute l’attention que l’on porte aujourd’hui à l’aménagement de notre espace extérieur. Le jardin n’est plus seulement un terrain de jeux pour les enfants. Bieke : « Plus que jamais, le jardin est un lieu pour se ressourcer dans la nature. Où trouver de l’ombre ? Quelles fleurs, plantes et arbres fruitiers choisir pour un jardin écologique qui accueille aussi les oiseaux, les abeilles et les papillons ? Comment tenir compte des saisons et des périodes de sécheresse ? »

L’engouement pour les piscines n’a pas augmenté de façon significative. Par contre, nous constatons que les jardins de pluie deviennent populaires, notamment pour évacuer le trop-plein du puits. Aujourd’hui, il n’est plus possible de raccorder celui-ci au réseau d’égouts : l’excédent d’eau de pluie doit s’infiltrer dans votre propre jardin. Et un jardin de pluie ou une infiltration en surface est un moyen économique et amusant de le faire. Dans votre jardin, prévoyez un bassin peu profond de 30 cm, situé plus bas. Avec des plantes adaptées, vous pouvez créer une infiltration naturelle de l’eau ainsi qu’un environnement naturel pour les plantes et les animaux. La Cellule Cours d’eau de la Province donne des conseils lors de l’octroi des permis environnementaux : elle impose la préservation des espaces verts et accorde une grande attention à la biodiversité.

« Depuis la crise du coronavirus, l’aménagement de la terrasse gagne également en popularité », ajoute Eric. « Vous pouvez y recevoir vos amis, en toute saison. » Les braseros n’ont jamais eu autant de succès. Ils prolongent agréablement les soirées fraîches entre copains et voisins.

Tendance 3 : vivre compact & modulaire versus habiter un grand espace
« Avec un petit budget, construire ou rénover est un vrai défi. Pour de nombreux jeunes, ‘vivre’ est plus important que ‘vivre grand’. On parle de plus en plus de tiny houses, de slow cabins et de cabanes dans la nature. Parallèlement, on voit de plus en plus de projets de cohabitation de type kangourou, avec les (beaux-)parents devenus âgés. Ou encore d’habitat groupé. L’évolution est en marche et les projets qu’on nous demande d’étudier en témoignent. »

Eric : « Une bonne question à se poser : de quelle surface de vie ai-je réellement besoin ? Est-ce qu’il me faut vraiment 400 m2 ou est-ce que 250 m2 m’offriront suffisamment de possibilités ? Plus votre maison sera grande, plus elle vous coûtera en matériaux. C’est vrai, on nous a appris que le séjour idéal fait 8 m sur 5 ou 40 m2. Mais peut-être que 7 m sur 4 conviendraient tout aussi bien ? Tout dépend de qui y habite. Si l’un des habitants joue du piano, il faudra plus de place. En tant qu’architectes, nous devons plus que jamais réfléchir du point de vue de notre client et lui expliquer comment penser de façon modulaire.

De combien de salles de bains et de pièces individuelles avez-vous réellement besoin ? Faut-il vraiment trois chambres pour trois enfants ? Ou pourrait-on imaginer une grande pièce, avec des parois coulissantes qui assurent l’intimité nécessaire ? Ce n’est pas toujours une bonne idée d’avoir des pièces séparées pour tout et d’ailleurs, la plupart des gens n’utilisent pas la totalité de leur maison. Est-ce bien raisonnable ? Toutes ces pièces, il faut les entretenir, les chauffer, les nettoyer. Vivre compact, c’est penser modulaire. Nous, nous sommes fans des espaces combinés et intelligents. Repenser les lieux et les modes de vie, c’est passionnant. À une autre époque, pas si lointaine, on s’installait sur une chaise au pas de sa porte. Ensuite, la télé a pris une place centrale dans le salon. Aujourd’hui, nous sommes nombreux à nous éloigner de ce modèle. »

Bieke : « Plus on habite compact, plus on dispose de budget pour les finitions, avec des matériaux nobles ou locaux. La qualité prime ici sur la quantité. Pour moi, c’est très important. Je conseille toujours de commencer par l’extérieur de son nid : isoler pour veiller à ce que l’espace de vie soit confortable en termes de température et d’acoustique. Histoire de pouvoir se ressourcer chez soi. Souvent les gens, y compris les jeunes, placent la barre très haut. Mais faut-il que tout soit parfaitement fini dès le départ ? Pour quelle raison ? Même nous, architectes, nous avons aménagé notre cocon sur une période assez longue et en différentes phases. »

Astuce budget d’Eric pour se lancer dans la construction ou la rénovation:

« Investissez (du temps) dans vos propres aptitudes et compétences. Apprenez des autres, ou encore regardez sur YouTube. Faire beaucoup soi-même, c’est faire beaucoup d’économies. Un professionnel coûte 40 €/heure. En un week-end, vous pouvez économiser des centaines d’euros. Nous, nous avons transmis le virus du bricolage à nos enfants. Je trouve que c’est un beau cadeau. »

Tendance 4 : construire et rénover en mode circulaire
Construire de façon circulaire, c’est construire de façon durable : en utilisant un maximum de matières premières réutilisables. Car bientôt, certaines matières premières ne seront tout simplement plus disponibles.

Eric : « On jette trop et trop vite. Après avoir démoli ou démonté quelque chose, on peut souvent récupérer des matériaux. Nous, par exemple, nous travaillons beaucoup avec la pierre naturelle, un matériau beau et noble. Quand il s’agit de supprimer d’anciennes cheminées ou des appuis de fenêtre, il y a toujours des tablettes en pierre naturelle à récupérer. Avant, tout allait au conteneur. Aujourd’hui, nous les recyclons. Nous utilisons même des morceaux restants que nous collons ensemble pour en faire des tables d’appoint de terrasse. Résultat : nous réutilisons 25 % des plaques en pierre naturelle qui, sans cela, finiraient dans le parc à conteneurs. »

Tendance 5 : batterie domestique & habitation écoénergétique
Tout le monde s’inquiète de la hausse des prix de l’énergie et la situation ne semble pas évoluer rapidement vers un mieux. Ce qui nous oblige à repenser notre façon de consommer l’énergie. Les énergies renouvelables sont l’avenir. Mais aujourd’hui ? Par exemple, chez vous, est-ce que cela aurait un sens de remplacer le gaz ou le mazout par une pompe à chaleur ?

Eric : « Il n’y a pas de solution unique. Dans une nouvelle construction, la pompe à chaleur est une évidence. Pour les logements existants, toute adaptation est utile, mais certaines sont plus pertinentes que d’autres. L’augmentation des prix de l’énergie s’accompagne heureusement d’une prise de conscience : nous sommes nombreux à chercher des solutions plus avantageuses à la fois pour notre portefeuille et pour un monde meilleur. »

Faisons un petit calcul (prix hors tva):

Prenons l’exemple d’une 4 façades existante, rénovée il y a 10 ans. Nous avons demandé un devis pour des panneaux solaires, une batterie domestique, une station de charge et une pompe à chaleur air-eau pour compléter la chaudière à gaz existante.

Panneaux solaires
            – 30 panneaux : de 13.600 à 15.300 € selon la marque de panneaux

            – 20 panneaux : de 9.800 à 11.800 € selon la marque de panneaux

Batterie domestique : 5.800 € pour 10 kW et 7.900 € pour 15 kW
Station de charge + adaptations au tableau électrique : 3.000 €
Pompe à chaleur air-eau en complément à la chaudière à gaz existante
+ adaptations du système existant avec chauffage par le sol (rez-de-chaussée) et radiateurs aux étages supérieurs : 10.000 €.

« Notre gestion de l’énergie domestique devient de plus en plus importante, d’autant plus que le tarif de capacité arrive le 1er juillet en Flandre (la Wallonie et Bruxelles pourraient suivre). Les gens devront dès lors répartir leur consommation autant que possible. Par exemple, 80 % du tarif net sera déterminé sur la base de la consommation de pointe : la puissance moyenne du quart d’heure pendant lequel on consomme le plus répartie sur base mensuelle. »

https://www.crelan.be/fr/blog/habitation/construction-et-renovation-en-2022-5-tendances



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